Historique

Les rives de ce marais sont peuplées dès le néolithique, l’époque antique nous livre les vestiges de captations de laurons pour alimenter l’aqueduc d’Arles. La réforme grégorienne avec l’installation d’abbayes, de prieurés et d’établissements crée des îlots de terres assainies, et d’autres captations pour l’énergie des moulins.

Ce n’est qu’à la fin du XVIe qu’une volonté d’état permet la dessiccation de ce vaste espace pour l’agriculture et l’énergie des moulins banaux. S’affirme alors une logique de fonctionnement : toutes ces eaux chassées de main d’homme vers le talweg occidental qui s’incline vers le nord et Noves menacent l’agglomération, mais surtout ne sont pas évacuées suffisamment rapidement pour un bon assèchement. Les dessiccateurs n’auront de cesse d’acquérir par achat des portions de l’émissaire principal (l’Anguillon) pour sécuriser les sections asséchées en amont.

Fin XVIIe l’époque des dessiccateurs est achevée les ouvrages importants de drain et les roubines maîtres sont crées, l’ère des assainisseurs s’ouvre.

À partir du premier empire jusqu’à la fin du XIXe, l’essor de l’agriculture à pour conséquence une intensification de l’assainissement du marais, roubines secondaires et fossés capillaires se multiplient les eaux en abondance se précipitent vers la Durance. Le calibrage de l’émissaire principal doit être revu donc élargi, encore. Durant toute cette période la doxa réside dans l’évacuation des eaux d’assainissements rendues plus abondantes par une intense mise en culture de l’espace. Des associations de propriétaires et locataires peuvent être créées à partir de 1805, au nombre de 9 vers 1862, sur un espace un peu plus restreint qu’aujourd’hui, le préfet choisit les syndics et leur directeur, l’ébauche d’une gestion de périmètre et une solidarité des propriétaires et locataires se met en place.

« Histoire du Bassin de l’Anguillon »
de Norbert Sylvestre aux éditions Mataix M et J.

Époque moderne

Malgré tout lors de chaque aléas les égoïsmes ressurgissent et dès lors (1868) l’idée d’un syndicat unique va s’imposant.

Ce n’est qu’à la suite de remise en culture de terres nouvelles conséquence du remembrement des années 1950 et d’aléas climatiques que la gestion de l’Anguillon est remise une fois de plus en question, eaux plus abondantes, vision globalisante du périmètre pour leur évacuation.

Très laborieusement l’on aboutit en 1972 à la création d’un syndicat unique : le SIBA (Syndicat intercommunal du Bassin de l’Anguillon), 18 syndics (2 par commune, il y en a 9) et un président, approuvés par le préfet. Sa gestion se limitera à l’ouvrage principal le grand Anguillon et au petit Anguillon (une vidange). Un périmètre est défini, une redevance prélevée sur tout propriétaire agriculteur ou non, des coefficients modérateurs sont appliqués selon le principe du service d’assainissement rendu (ce sont les classes au nombre de 3 aujourd’hui), les surfaces imperméabilisées sont majorées selon le même principe des coefficients.

En savoir +

Conjointement chaque commune du bassin devra se doter d’une association syndicale d’assainissement (ASA), de type association 1901, à régime de régie. Ainsi chaque propriétaire paie 2 fois ; une redevance d’assainissement pour le SIBA et un rôle pour l’ASA.

Devenir

L’ouvrage principal a bientôt cinquante ans, son entretien augmenté des obligations sécuritaires et environnementales inquiète, la déprise partielle des terres agricoles qui rend un semblant de rôle régulateur aux eaux du bassin est compensée par l’urbanisation riveraine incessante.

Depuis 2014 la loi GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) change la donne, comme le transfert des compétences aux communautés. Mais ces réformes d’ampleur cumulées à d’autres, peinent à se mettre en place.

Dans l’attente, le syndicat reste en place, avec la représentation de ses syndics (un mandat tout au plus) pour gérer les travaux relevant du fonctionnement, la relation assujettis/régie, et les travaux d’urgence.

TDP (Terre de Provence) futur maître d’ouvrage, et le SMAVD (syndicat mixte pour l’aménagement du val Durance) maître d’œuvre. Ce sont eux qui définissent les feuilles de route, et donnent grâce aux subventions un aperçu d’une gouvernance encore plus étendue.

L’avis des syndics ne pèsera plus, les projets et contraintes techniques et sécuritaires aux coûts très élevés demanderont experts, et subventions sans commune mesure avec les moyens actuels du syndicat.

Demain, connaîtra un déficit de démocratie, des réajustements se feront sans doute dans le temps avec des contrôles plus stricts des dépenses et ce qui est la base de nos républiques des contrepouvoirs renouvelés ou réinventés.